Artiste prodige fait les gros titres des médias, puis les experts remarquent que l'histoire ne colle pas

Des amateurs d'art élégants visitaient une galerie chic, une coupe de champagne à la main. L'excitation était palpable dans toute la pièce dont les murs étaient recouverts de peintures abstraites. L'artiste à l'honneur était sur toutes les lèvres : Marla Olmstead, jeune fille haute comme trois pommes qui s'était déjà fait un nom dans le monde des beaux-arts. Sa créativité étonnante faisait toutefois beaucoup parler. La petite fille cachait-elle un grand secret ?

La naissance d'une star

Marla est née en 2000 à Binghamton, New York. Petite, elle aimait jouer dans le jardin, regarder des dessins animés et passer du temps avec ses parents, Mark et Laura, et son petit frère, Zane. À tout juste 3 ans, sa vie a toutefois basculé du tout au tout.

Une journée fatidique

Suite au décès du grand-père de la petite fille, Mark Olmstead a décidé de se mettre à la peinture pour se changer les idées. Un jour, il a tendu un pinceau à sa fille afin de l'occuper pendant qu'il se concentrait sur son projet.

Des débuts innocents

Ses créations avaient un petit je ne sais quoi, d'après ses parents. Les œuvres, pour la plupart abstraites, semblaient particulièrement avancées pour son âge. Ses parents ont donc décidé d'exposer l'une de ses peintures dans un café du coin, juste comme ça, marquant ainsi le début d'une grande aventure.

Surprise, Surprise

Certains amateurs de café se sont immédiatement renseignés sur le prix de l'œuvre qui n'était même pas à vendre ! Mark et Laura, surpris par l'intérêt suscité par la création de leur fille, sont ainsi parvenus à obtenir 253 $ !

Une vraie vedette

Tout s'est ensuite enchaîné très vite. Au départ, les retours étaient agréablement positifs. La galerie d'art locale avait même demandé à Marla de participer à une exposition, et les nombreux visiteurs trouvaient ses créations fascinantes. Son talent était indéniable, selon eux.

Une vraie coqueluche

Tout le monde voulait désormais mettre la main sur une création originale de Marla. Un journal local s'est penché sur l'histoire de l'enfant prodige qui a même attiré l'attention de grands noms. Le New York Times lui a ainsi dédié un article peu de temps après.

Une proposition décente

L'article avait mis Marla sur le devant de la scène, et les collectionneurs d'art proposaient des dizaines de milliers de dollars pour acquérir ses œuvres. Mark et Laura n'en revenaient pas. Ils étaient également particulièrement fiers que des inconnus reconnaissent eux aussi le talent de leur fille. Ils ont toutefois rapidement compris que tout pouvait basculer en un instant.

Des habilités précoces

Jusqu'à 200 intéressés tentaient de mettre la main sur l'une des créations du petit génie au faîte de sa carrière. Les critiques la comparaient même à Jackson Pollock, artiste réputé pour ses projections de peinture. De nombreuses personnes appréciaient et admiraient les œuvres de Marla, même si certaines restaient sceptiques.

La goutte de trop

Un jour, l'émission 60 Minutes a diffusé un segment à propos de la jeune fille. Le segment devait initialement ajouter une pierre à l'édifice de la carrière de la jeune artiste, en mettant ses talents en évidence et en confirmant les louanges générales. Il a finalement pratiquement ruiné la vie de la petite famille.

Une belle opportunité

Les producteurs ont contacté la famille Olmstead en février 2005 afin d'étudier le « cas Marla », et Mark et Laura ont accepté. L'émission avait cependant une condition : installer des caméras cachées afin de filmer Marla en pleine création. Le monde souhaitait voir l'artiste à l'œuvre !

Une expérience contrôlée

La famille Olmstead a une fois de plus donné son accord. L'équipe de 60 Minutes a donc installé des caméras et placé une toile avant de demander à Marla de commencer à peindre. La jeune fille a donc travaillé pendant cinq heures sur une œuvre supposée mettre ses talents en avant. La famille était bien sûr devant la télévision le soir de la diffusion du segment.

Peur et dégoût à Binghamton

Mark était furieux, et Laura terrifiée, en voyant le segment. L'émission ne rendait pas du tout hommage à Marla. Il s'agissait principalement d'une interview de Ellen Winner, spécialiste des enfants prodiges.

« Un enfant normal »

« Rien n'indique qu'il s'agisse d'un enfant prodige de la peinture », a confié Ellen après avoir vu les images de Marla. « J'ai vu un enfant normal, charmant et adorable en train de peindre comme tous les autres enfants à la maternelle, sauf qu'elle avait un coach pour la soutenir », a-t-elle confié.

Des sous-entendus en prime

Les spectateurs ont également été choqués lorsque E. Winner a précisé que l'œuvre présentée sur 60 Minutes semblait « moins soignée que les autres œuvres de Marla ». Ce sous-entendu ne laissait planer aucun doute : Marla n'était pas le prodige qu'on pensait et elle recevait même de l'aide !

Volte-face

Les médias se sont jetés sur le scoop. Les accusations fusaient dans tous les sens et sous-entendaient généralement que Mark, peintre amateur, aidait Marla à peaufiner ses œuvres. Certains se sont sentis trahis et dupés. Le quart d'heure de gloire de la famille était en train de se transformer en véritable cauchemar.

Une deuxième chance ?

La famille Olmstead a ensuite eu l'occasion de se racheter auprès du public. En effet, le documentariste Amir Bar-Lev a contacté les parents afin de réaliser un film. Mark et Laura se sont empressés d'accepter.

Innocent jusqu'à preuve du contraire

A. Bar-Lev affirmait qu'il souhaitait se lancer dans cette production avec l'esprit ouvert, le but n'étant pas de dénoncer les parents, mais bien de dépeindre la situation de manière objective. Il devait cependant être capable de prouver que Marla créait bien ses toiles toute seule.

Silence, ça tourne de nouveau !

Une caméra et une toile ont donc de nouveau été installées, et Marla s'est remise à peindre. La petite fille a cependant commencé à poser des questions qui ont de nouveau tout remis en question.

Toujours plus de doutes

La vidéo montrait la petite fille tendre le pinceau directement à son père et lui demander de dessiner un visage sur la toile. Ils étaient officiellement cuits !

Marla a bien grandi

La famille Olmstead a refusé de se rendre à l'avant-première, affirmant que le montage du documentaire les faisait passer pour des escrocs. Marla, aujourd'hui adulte, sait exactement quoi répondre quand on lui demande si elle se considère comme un enfant prodige.

Une situation familière

« Pas du tout », a confié Marla Olmstead à propos de son passé. Elle a toutefois poursuivi sa carrière, malgré certaines critiques persistantes. Ça n'est pas la première fois non plus qu'une peinture qui ressemble à du Pollock fait le buzz dans le monde de l'art.

Une œuvre intrigante

En fin de compte, être un artiste n'est pas toujours une condition sine qua non pour être considéré comme un escroc. Teri Horton n'aimait pas l'une de ses peintures trouvées en chinant, mais quelque chose avait tout de même attiré son attention. Elle venait tout juste de commencer à chiner en 1992, mais n'aurait jamais imaginé se retrouver dans un pétrin similaire à celui de Martha.

Changement de vitesse

Teri, qui a travaillé en tant que chauffeuse de poids lourds pendant 20 ans, a été forcée de prendre sa retraite suite à un accident et une hospitalisation. Incapable de rester les bras croisés bien longtemps, elle a commencé à explorer des boutiques d'occasion afin de trouver des trésors cachés, et le succès était bien au rendez-vous.

Un succès immédiat

Teri est tombée sur une magnifique montre qu'elle s'est empressée d'acheter à un prêteur sur gage : une véritable montre Ebel d'une valeur de 2 000 $ ! C'est toute la motivation dont Teri avait besoin pour continuer à faire d'autres belles découvertes.

Cinq dollars de perdus ?

Teri trouvait la peinture de la boutique d'occasion un peu trop excentrique à son goût, mais s'est dit qu'une amie l'apprécierait peut-être. Elle a donc acheté la peinture pour 5 $, l'a placée dans sa voiture et est rentrée à la maison avant d'appeler son amie. Le hic ?

À l'étroit

Son amie adorait bien la peinture, mais celle-ci ne rentrait pas dans sa caravane. Teri a donc accepté à contre-cœur de conserver la peinture et de la stocker chez elle. Il s'agissait après tout d'une toile géante avec des éclaboussures dessus. Qui pourrait bien avoir envie de voir ça ? Et puis, des années plus tard, Teri a décidé d'organiser une brocante.

Une cliente enthousiaste

La brocante de Teri proposait tout un tas de babioles et d'objets anciens qu'elle avait réunis au fil des ans, mais les offres qu'elle recevait ne lui convenaient pas. C'est alors que Teri a vu une femme s'approcher de la peinture à 5 $. Elle s'est empressée de lui faire une offre, mais a été prise de court par sa réponse.

Des millions potentiels

La femme soutenait que Teri devrait revoir son prix à la hausse. Teri lui a donc demandé des précisions, et la femme lui a expliqué qu'elle était professeure d'art et spécialiste de l'histoire de l'art. D'après elle, la peinture de Teri valait potentiellement plusieurs millions de dollars.

Qui donc ?

Des millions ? Teri savait qu'elle avait un don, mais n'aurait jamais imaginé ça ! Elle a alors demandé qui pourrait bien être l'auteur de l'œuvre. Selon la professeure, il s'agissait probablement d'une œuvre du célèbre artiste Jackson Pollock. « Pu****, c'est qui Jackson Pollock ? », a demandé Teri.

Le maître de l'abstrait

Jackson Pollock, peintre américain né au début du 20e siècle, était célèbre pour ses œuvres basées sur le mouvement de l'expressionnisme abstrait qui, pour faire simple, inclut pas mal de projections de peintures. Mais attention, il employait diverses méthodes pour verser et projeter la peinture afin de créer des dessins qui sont... Eh bien, c'est assez difficile à expliquer en fait. Voyez plutôt par vous-même.

Un artiste pas comme les autres

Les œuvres de J. Pollock sont uniques, qu'on les aiment ou non... Et c'est clairement non pour Teri. Des contours de visages et des formes mêlées aux projections semblent disparaître lorsqu'on les observe de plus près. Teri a peu à peu commencé à réaliser que sa peinture n'avait peut-être plus sa place dans son allée.

À la recherche d'empreintes

Teri s'est penchée sur cet étrange personnage une fois rentrée à la maison. Elle s'est renseignée sur les œuvres emblématiques mentionnées par la professeure d'art et a demandé à son fils de passer la voir. Excités, ils ont décidé de faire appel à un expert pour faire évaluer l'œuvre, et celui-ci a même été en mesure de relever des empreintes.

L'opinion d'un expert

L'expert a examiné de célèbres œuvres de J. Pollock afin de trouver des similitudes pendant que les empreintes étaient en cours d'analyse. Il est arrivé à une conclusion incroyable après plusieurs heures de recherche. Teri et son fils étaient fous de joie en entendant la nouvelle, malgré l'échec de l'analyse des empreintes.

Des similitudes frappantes

L'expert avait conclu que la peinture à 5 $ de Teri présentait bien d'étranges similitudes avec l'une des œuvres les plus célèbres de J. Pollock : « No. 5, 1948 ». Du charabia pour Teri qui avait par contre parfaitement compris son prix de vente de 140 millions de dollars. Sa famille allait être riche !

Un tollé général

Malheureusement, les historiens de l'art n'étaient pas du même avis. Bon nombre d'entre eux se sentaient insultés par les propos de Teri qui soutenait qu'il s'agissait d'une première esquisse de l'une des peintures les plus célèbres de J. Pollock. Tous les musées qu'elle contactait rejetaient l'œuvre, affirmant qu'il restait encore trop de questions sans réponses. Comment l'œuvre avait-elle pu voyager aussi loin sans que personne ne la remarque par exemple ?

Un cadeau fraternel

Teri vivait en Californie, alors que J. Pollock habitait de l'autre côté du pays. Selon Teri, J. Pollock s'était peut-être débarrassé de l'œuvre en l'offrant à son frère qui vivait en Californie, mais cela s'est avéré peu probable, sachant que le frère de J. Pollock savait qu'il était célèbre. Et il y avait un autre problème de taille.

Anonyme

La peinture n'était pas signée, ce qui aurait permis d'identifier l'auteur immédiatement. Teri n'était même pas en mesure de retrouver la fiche de vente, la boutique d'occasion ayant fermé plusieurs années auparavant. Elle devait donc trouver une autre solution pour surmonter ces obstacles.

À la recherche d'une offre

Teri a décidé de faire appel à un marchand d'art professionnel. Elle pensait ainsi pouvoir contourner les snobs du monde de l'art et obtenir le prix qu'elle méritait. Teri a rapidement reçu des offres de la part de dealers privés, certaines atteignant 2 millions de dollars ! Mais elle n'arrivait pas à se sortir les 140 millions de la tête. Elle souhaitait plus d'argent.

Plus de sous

Un collectionneur d'art d'Arabie saoudite a fini par repérer la peinture et a proposé 9 millions de dollars à Teri ! Cette dernière a refusé cette offre faramineuse sans y réfléchir à deux fois, au grand regret de son fils. Elle a confié : « je sais ce qu'elle vaut et je ne la vendrai pas à un prix inférieur ». Que s'est-il passé ensuite ?

À sa juste valeur

Teri continue d'attendre une meilleure offre. Elle a participé à des talk-shows, s'est confiée au sujet de l'élitisme dans le monde de l'art et a même fait le buzz lors de la sortie du documentaire judicieusement intitulé : « Who the $&% Is Jackson Pollock ? ». Le réalisateur Harry Moses soutient Teri et a confié au New York Times :

Une volonté à toute épreuve

« C'est avant tout l'histoire d'une femme qui n'a pas fini ses études et est prise de haut par les acteurs du monde de l'art ». Et vous alors, auriez-vous tenu aussi longtemps que Teri Horton ou auriez-vous dépensé ces 5 $ au café du coin ?